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Da Anaon eo aet Yann-Fañch Kemener  


Rédigé le Vendredi 17 Mai 2024 à 09:36 | Lu 2 commentaire(s)



in War Raok ! - n° 55 - Août 2019

Da Anaon eo aet Yann-Fañch Kemener  
 

Yann-Fañch Kemener, voix de la gwerz et du kan-ha-diskan, nous a quitté.


Yann-Fañch Kemener est né en 1957 dans une charmante bourgade des Côtes d’Armor, Sainte-Tréphine, en Haute-Cornouaille, au cœur du pays Fañch/Plinn aux limites du pays de Vannes. Sa famille, du côté maternel, a la réputation d’avoir de bons chanteurs et du côté paternel, dans le pays Fisel à Glomel, les chanteurs et danseurs ont une excellente renommée. Le breton est  la langue maternelle de Yann-Fañch et très rapidement il s’intéresse aux chants traditionnels bretons. Ses modèles se nomment : Albert Boloré, Eugène Grenel, Jean-Marie Yudec, Jean Poder, Emmanuel Kerjean, Lomig Doniou, Marie Harnay, Hélène Parc et bien d’autres encore. C’est vers l’âge de quatre ans qu’il chante dans un premier fest-noz, puis, sous l’influence d’Albert Boloré, il se produit pour la première fois sur scène dès l’âge de quinze ans. Toujours influencé par les anciens, Yann-Fañch alterne entre les gwerzioù et les nombreux airs à danser. C’est lors des jeux de Langonnet dans le Morbihan ainsi qu’au Kan ar Bobl de Lorient que le public découvre ce jeune chanteur breton au fort talent. Premier enregistrement avec « Chants profonds de Bretagne » avec notamment la Ballade de Skolvan, Gousperoù ar ranned et La Grande Passion. En 1982, l’académie Charles-Cros le récompense en lui donnant le grand prix du Patrimoine pour les trois albums de « Chants profonds de Bretagne ». En 1988, il fonde le groupe Barzaz avec Gilles Le Bigot (guitares), Jean-Michel Veillon (flûtes), Alain Genty (basses) et David Hopkins (percussions). Barzaz est considéré comme le  groupe mythique de musique bretonne. Barzaz joue avec les éléments, la pureté de la voix, les silences, les bruitages… S’enchaînent ensuite les expériences et les spectacles avec : Anne Auffret, Kristen Noguès, Jean-Louis Le Vallégant… puis en 1991, enregistre l’album Kerzh ’Ba ’n Dañs avec le groupe Skolvan.

C’est lors de la grande aventure de l’Héritage des Celtes qu’il fait la rencontre de Didier Squiban avec qui il enregistre trois albums créant ainsi un genre nouveau celui de la « gwerz de chambre ». Au début des années 2000, nouveau duo avec le violoncelliste Aldo Ripoche. De cette collaboration va naître une production discographique importante, de nombreux spectacles et rencontres avec des artistes talentueux. Puis, dans un spectacle théâtro-musical et seul en scène, il rend hommage au poète breton Armand Robin. Puis, toujours avec le violoncelliste Aldo Ripoche, il met magistralement et en valeur l’œuvre poétique et littéraire du philosophe Emile Masson.
Après avoir été décoré du Collier de l’Hermine en 2010, Yann-Fañch reçoit la médaille de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2015. En 2016, il se lance dans une nouvelle aventure en compagnie de Erwann Tobie et de Heikki Bourgault et crée le « Yann-Fañch Kemener Trio » , groupe à vocation principale l’animation des festoù-noz. En mai 2017 c’est la création du spectacle « Ar en deulin » d’après l’œuvre du poète bretonnant Yann Ber Kalloc’h.
Les funérailles de Yann-Fañch Kemener ont été un émouvant moment où plus de 1500 personnes se sont rassemblées dans le petit bourg de Sainte-Tréphine pour lui dire un adieu. Dans la petite église, trop petite,  300 personnes seulement prennent place ainsi que la famille et les proches de Yann-Fañch. Les autres sont dehors et peuvent suivre la messe grâce à une excellente sonorisation. Des gens connus et moins connus, de ceux qui ont croisé le chanteur à un moment de leur vie, travaillé avec lui, ou simplement aimé son talent. La Kerlenn Pondi accompagne le cercueil vers l’église, la foule laisse passer Yann-Fañch, précédé du Père Guillaume Caous recteur de la cathédrale de Tréguier qui célébrera la messe, assisté de deux diacres, Erwann Tangy du Diocèse de Quimper et Léon et Jef Philippe du Diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier ainsi qu’ Eflamm Caouissin, aumônier du Diocèse de Vannes, tous excellents bretonnants.
La messe est célébrée principalement en breton, en latin et un peu en français. A noter la reprise du Salud deoc’h Illiz ma farrouz (salut à toi Eglise de ma paroisse) entonné par l’assemblée, comme un héritage qui se dévoile du fonds chrétien qui subsiste. Yann-Fañch Kemener voulait du breton et du grégorien et tout le programme a été selon ses vœux : la messe des défunts, le Dies Irae et le In Paradisum interprétés par la camerata de Sainte Anne d’Auray, les magnifiques cantiques en breton chantés par Anne Auffret, puis, lors de la bénédiction du corps, une alternance de cantiques et gwerzioù, notamment le cantique Intron Varia Rostren chanté par Anne Auffret, le cantique à Saint Joseph, patron de la bonne mort, ou encore le cantique à Sainte Tréphine. On ne peut également avoir été insensible au violoncelle d’Aldo Ripoche et ses notes graves comme à l’instant où Heikki Bourgault et Erwann Tobie égrènent les notes du spectacle Ar en deulin…  Puis c’est le tour d’Achille Grimaud de réciter l’appel aux saints du ciel, suivi de Patricia Riou, d’Yvon Le Menn et de Philippe Guégan, déclamant les mots de Xavier Grall, un Solo pour celui qui fut.
 
Le glas résonne dans le ciel de Sainte-Tréphine et après que chacun ait béni le corps ou témoigné un signe d’amitié, les musiciens et chanteurs s’arrêtent de jouer dans l’église. La Kerlenn Pondi entame une dernière danse de sortie. Une immense salve d’applaudissements recouvre les larmes.
Yann-Fañch est ovationné... le corbillard s’avance doucement et la foule se dirige vers le petit cimetière précédée d’un trio de clarinettes mené par Tristan Gloaguen et de la croix celtique. Yann-Fañch est inhumé là, avec ses parents, dans cette terre de ses ancêtres. Le Gwenn ha Du drape le cercueil... Un moment de prière puis est entonné le Bro Gozh ma Zadoù, l’hymne national breton.
Kenavo Yann-Fañch ha Doue d’e bardono.

 

Meriadeg de Keranflec’h

 



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